Can Realism Speak of Affect?

  • Nicholas Manning Université Paris-Sorbonne

Résumé

Can realism speak of affect? The question may at first appear surprising: why, after all, should the codes and tropes of a specific literary tradition necessarily prevent the exploration of an entire aspect of subjective life? The interrogation takes on greater meaning if we understand the notion of affect according to the acceptation, framed in the libidinal philosophy of Jean-François Lyotard, which poses affect as that part of conscious experience which ceaselessly escapes the awareness of the feeling subject. In these versions of the concept, affect not only resists outward presentation in the form of language or descriptive signs, but escapes representation of the self to itself. The feeling subject is not only unable to express or describe such affect to others – for it is, by definition, outside of any representative impulse – it is unable to represent it to itself even at the initial level of conscious awareness. What happens then if we are to apply this modern comprehension of affect – as that which, as Brian Massumi puts it, is “not ownable or recognizable” – to the functioning of literary realist modes? Does the ideal to better “speak of” affect in literary form imply the adoption of consciously anti-realist modes?

Le réalisme peut-il parler de l’affect ?

Le réalisme peut-il parler de l'affect ? La question peut surprendre : en quoi les codes et tropes d'une tradition littéraire spécifique pourraient-ils empêcher l'exploration de tout un pan de la vie subjective ? L’interrogation cependant prend son sens si nous comprenons la notion d'affect à la lumière de l'acceptation, forgée dans la philosophie libidinale de Jean-François Lyotard, posant l’affect comme la dimension de l'expérience consciente qui échapperait sans cesse à la connaissance du sujet. Dans cette perspective, non seulement l’affect résiste à une présentation d’ordre extérieur sous la forme du langage ou des signes descriptifs, mais elle échappe encore à la représentation intérieure de soi à soi. Incapable d'exprimer ou de décrire un tel affect à d’autres – en ce qu’il est, par définition, au dehors de toute impulsion représentative, le sujet est alors incapable de se le représenter à lui-même, au premier degré même de la connaissance subjective. Que se passe-t-il dès lors si nous appliquons cette compréhension moderne de l'affect – ce qui, comme l’affirme Brian Massumi, ne peut être « ni possédé ni reconnu » – au fonctionnement des modes réalistes littéraires ? L'idéal de mieux « parler de » l’affect dans une forme littéraire implique-t-il l'adoption de modes consciemment anti-réalistes ?

 

 

 

Biographie de l'auteur

Nicholas Manning, Université Paris-Sorbonne
Nicholas Manning est Maître de conférences en littérature américaine à l’Université Paris-Sorbonne. Ancien élève de l’École normale supérieure d’Ulm, il est l’auteur de Rhétorique de la sincérité. La poésie moderne en quête d’un langage vrai (Honoré Champion, 2013), et de Signs of Eternity: H.D.’s Trilogy (avec Clément Oudart, Fahrenheit, 2013). Fondateur et éditeur de The Continental Review, il consacre ses recherches actuelles à la rhétorique de l’émotion dans le roman moderne.
Publiée
2016-07-04
Rubrique
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